Le jeudi 16 novembre dernier, l’OM10 à Saint-Louis, Bruxelles, a été le théâtre d’un procès fictif captivant, offrant un regard percutant sur les réalités carcérales belges. Cette création théâtrale immersive avait pour objectif d’aborder les défis auxquels sont confronté·e·s les professionnel·le·s du système pénitentiaire et l’impact sur la vie quotidienne des personnes incarcérées.
L’accusée, une surveillante pénitentiaire, comparaissait devant la cour d’assises pour avoir facilité l’évasion de deux détenus. Le scénario a été imaginé dans le contexte tendu des grèves de 2016, offrant une toile de fond cruciale pour comprendre les enjeux de la situation carcérale en Belgique.
Le public a joué un rôle essentiel en décidant du sort de l’accusée. Après des témoignages poignants sur les conditions de vie en prison, les jurés, tirés au sort parmi les spectateurs, ont prononcé l’accusée non coupable, invoquant le caractère irrésistible de son acte. Cependant, le reste du public l’a jugée coupable.
« La prison est une institution qui n’est jamais remise en cause dans ses fondements. Elle est immobile, figée, comme si l’Histoire et les différentes évolutions de nos sociétés humaines ne la concernaient pas ». La plaidoirie finale a abordé les lacunes profondes du système carcéral. Les défis tels que la surpopulation, les conditions inhumaines, le manque d’activités et les retards de soins ont été exposés, remettant en question les objectifs de réinsertion et de réhabilitation souvent attribués à la prison.
La pièce a souligné l’inégalité inhérente au système, touchant particulièrement les personnes défavorisées. L’avocate de la défense a relevé des statistiques indiquant que la majorité des détenu·e·s proviennent de milieux socio-économiquement précaires. Des phrases percutantes telles que « En vérité, la prison ne remplit qu’un seul de ses objectifs : punir, sanctionner et faire souffrir » remettent en question l’idée que la prison contribue à la réhabilitation.
La plaidoirie a conclu en mettant en lumière le contexte particulier de l’époque, rappelant les grèves de 2016 qui ont conduit à des conditions de détention dramatiques. Des cellules surpeuplées, des douches rares, des suicides et des tentatives de suicide soulignent l’urgence de réformer le système.
L’accusée a plaidé l’état de nécessité, arguant que son geste était un acte de désobéissance civile courageux face à l’inaction politique et aux violations constantes des droits humains. La plaidoirie a insisté sur la nécessité de défendre des principes fondamentaux, même au prix de l’infraction.
Au cœur de cette pièce de théâtre se trouve une question cruciale : peut-on sacrifier l’empathie et l’humanité au nom d’une institution carcérale défaillante ? Le débat sur la légitimité de l’action de l’accusée a laissé le public avec une réflexion profonde sur le système carcéral et son impact sur la dignité humaine.
Cet événement unique a réussi à élever la discussion sur la situation carcérale en Belgique, incitant chacun à réfléchir à la nécessité de réformes significatives et à l’importance de la compassion dans le traitement des individus en détention.
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